
Envoyé en 1980 dans ce bagne parce qu’il « faisait le clown », Thierry a immédiatement perdu son nez rouge. « Des coups énormes, des humiliations et des caresses sur les fesses, synthétise-t-il. Ils m’ont laminé. »
© © Quentin Top/Hans Lucas pour l’HM
Le 13 avril 1996, le directeur de Notre-Dame de Bétharram (Pyrénées-Atlantiques) est « assommé ». « Groggy, K-O debout », décrit un reporter de Sud-Ouest. « Lent à réagir pour se défendre des coups qui viennent d’être assénés à l’institution », fustige-t-il même. En cause, des plaintes « d’apparence anodine » émanant d’une professeure « bousculée » et d’un « potache giflé » – en réalité, un gamin qui, tympan crevé par la mandale d’un surveillant, a perdu une bonne partie de l’audition.
Le localier s’étrangle : alors que « des faits de cette nature » surviennent « tous les jours dans les collèges, publics ou privés », c’est au « symbole » que ces « rumeurs très négatives » s’attaquent. Tout ça parce que Bétharram reste « l’un des derniers bastions d’une éducation à la dure capable de tenir tête aux coups de boutoir d’une société permissive triomphante depuis Mai 68 ». Et de décrire dans une veine poétique, ou sadique, l’ « attendrissement » des parents « relativisant le supplice du perron, ces heures passées au piquet, parfois à genoux sur une règle qui les scie, jusqu’à ce que le sang perle ».