Après un rapide regard dans l’œilleton, le surveillant tire à lui la porte. « Sortez, s’il vous plaît. » Dans la pénombre, trois silhouettes se déplient. On débarrasse la fenêtre grillagée du tissu qui la masque. Sur l’écran de la télévision murale, l’image pâlit. Des poêles sont accrochées à des clous, un fouillis de fils électriques surplombe deux plaques à induction. Un évier au mélangeur bricolé et une cuvette de W.-C. servent de salle de bains.
« Allez, messieurs… » Visages gris. Regards fuyants. Le temps de la visite, les détenus se tiennent gauchement dans le couloir. « J’ai la haine, glisse Zakaria, le plus jeune. Juste l’odeur, c’est intenable. » « La détention provisoire, c’est deux promenades par jour, précise le surveillant. Le reste du temps, soit 22 heures sur 24, ils sont enfermés. »