« La mesure de l’amour, c’est d’aimer sans mesure » (St-Augustin)
Nous le savons bien : le légalisme tue, mais la miséricorde relève. Je m’en rends perpétuellement compte, moi qui écoute quotidiennement les chrétiens en mal-être dans leur identité ou vie sexuelle. J’entends leurs confessions, leur douleur, leur misère. Je ne bronche pas, car je ne suis pas leur juge, je suis un instrument de l’Amour de Dieu pour les bénir. Et je bénis non seulement celui ou celle qui se relève, mais aussi celui ou celle qui ne se relève pas, car il (elle) n’y arrive pas encore, il (elle) n’a pas encore compris comment se relever.
Par le passé, je n’ai pas toujours été miséricordieux, j’ai beaucoup tué par mon légalisme. J’ai dû apprendre la miséricorde, car cela s’apprend. J’ai bénéficié hautement de la miséricorde de Dieu dans ma vie personnelle face à de grands péchés commis, et suis donc en conséquence devenu miséricordieux. Et chaque jour j’apprends que la miséricorde de Dieu est beaucoup plus étendue et profonde que je n’aurais imaginé, oui, chaque jour ! Elle n’est pas en opposition avec l’amour de la vérité, et l’obéissance à Dieu. Bien au contraire, elle est le pont qui permet au grand pécheur de découvrir l’obéissance à la Parole de Dieu, et de la mettre peu à peu en pratique. La miséricorde ne représente pas un compromis avec le péché de la personne à qui l’on fait miséricorde, compromis qui transgresserait la sainteté divine, comme si l’on soldait la vérité biblique par un rabais consenti, que l’on appellerait miséricorde.
Quelqu’un a dit que la miséricorde, c’est tendre et jeter une corde à quelqu’un qui se trouve dans la misère, de manière à ce qu’il sorte de son puits profond, dans lequel il est tombé.
Le mot MISERICORDE provient du latin misereri : avoir pitié, et cor : cœur. On nomme ainsi l’attitude profonde de l’être caractérisée par la disposition d’amour et de pardon, la sensibilité à la misère et à la souffrance d’autrui, avec une bienveillance fondamentale vis à vis de lui.
Jésus a souligné lui-même l’importance d’une miséricorde active :
« Allez, et apprenez ce que signifie: Je prends plaisir à la miséricorde, et non aux sacrifices. Car je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs » (Matthieu 9:13)
Et il n’a pas hésité à affirmer qu’au nom de cette miséricorde, nous croiserons dans le paradis des personnes que nous n’aurions pas pensé : des gens de mauvaise vie repentis :
« Je vous le dis en vérité, les publicains et les prostituées vous devanceront dans le royaume de Dieu. » (Matthieu 21 : 31)
Durant son séjour sur la terre il y a deux mille ans les textes Bibliques nous montrent que Jésus aimait authentiquement les personnes « de mauvaise vie » et les fréquentait sans honte et au vu de tous. Parmi elles, il y avait des prostituées, des femmes adultères, des gens vraiment très peu recommandables !
Jésus regardait au cœur et non à l’apparence…
Il savait que la réponse à l’amour « impur » est l’amour de Dieu, l’amour pur… et n’avait pas peur de montrer son attachement inconditionnel à ces personnes, sans leur faire d’abord des reproches, les discipliner ou les menacer.
Par contre, il fustigeait essentiellement les pharisiens, les hypocrites, ceux qui « disent et ne font pas », et ce, publiquement.
Nulle part dans les écrits bibliques nous voyons que Jésus reprenait ou menaçait les personnes en trouble dans leur sexualité, ce fait est très important ! C’est même l’inverse qui se produisait…
« Je ne te condamne pas non plus, va et ne pèche plus ! » (Jean 8 : 11)
« Ses nombreux péchés ont été pardonnés, car elle a beaucoup aimé. Mais celui à qui on pardonne peu aime peu » (Luc 7 : 47)
Jésus instaure deux commandements nouveaux, desquels vont devoir dépendre les dix commandements et les paroles des prophètes :
« Maître, quel est le plus grand commandement de la loi ? Jésus lui répondit: Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta pensée. C’est le premier et le plus grand commandement. Et voici le second, qui lui est semblable: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépendent toute la loi et les prophètes. » (Matthieu 22 : 36 à 40)
Nous chrétiens, nous pasteurs, nous aurions besoin de nous en souvenir. Si je n’ai pas l’amour, je ne suis RIEN (1 Corinthiens 13). La miséricorde n’est pas seulement applicable à mes péchés anciens, datant d’avant ma conversion. Elle est également aussi valable, active, et bienfaisante en ce qui concerne les péchés que je commets en tant que chrétien ou pasteur.
Sans la miséricorde, aucun chrétien ne pourrait rester chrétien, aucun pasteur ne pourrait rester pasteur. Car tous nous transgressons constamment les commandements de Dieu. Nous méritons constamment la mort, mais Jésus est mort à notre place… et nous pouvons donc trouver grâce aux yeux du Père, chaque jour : les jours où nous commettons des péchés, les jours où nous n’en commettons pas.
Notre sanctification personnelle vécue dans la réussite ne doit pas devenir un prétexte pour fermer l’accès au Royaume des Cieux à tous ceux qui luttent pour devenir saints, mais n’y arrivent pas, vraiment pas, car ils sont beaucoup plus pauvres et faibles que nous, de par leurs traumatismes subis, mais aussi de par leurs carences affectives et éducatives gigantesques datant de leur enfance.
Je pense aussi à tous ces chrétiens qui luttent avec leur homosexualité qu’ils n’ont pas choisie : n’allons pas trop vite les condamner, en proclamant très durement devant eux que la pratique de l’homosexualité attire énormément la colère de Dieu : mon frère, souviens-toi que par tes péchés tu mérites toi aussi autant la mort et la colère de Dieu, car « le salaire du péché, c’est la mort » (Romains 6:23). Alors applique-le toi à toi d’abord, au lieu de tuer verbalement ton frère qui commet un autre péché que le tien !
« Heureux les pauvres en esprit, car le Royaume des cieux est à eux » (Mat 5:3)
« Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde! » (Matthieu 5:7)
« Soyez donc miséricordieux, comme votre Père est miséricordieux. » (Luc 6:36)
Pasteur Philippe Auzenet
(on peut reproduire cet article, mais en mentionnant le nom de l’auteur et l’URL de ce site)